Issu du langage proto-indo-européen, le français figure parmi les principales langues romanes avec l’italien, l’espagnol, le roumain et le portugais. Le français est une langue attestée depuis plus de 1500 ans, un mélange de germanique (francique, alsacien, lorrain), d’italique (latin) et de celtique (gaulois, breton). Le wallon, l’occitan et le catalan sont également d’origine romane. Voici une brève histoire de ses racines et de son évolution.
- 3000 : Le premier alphabet, d’origine phénicienne, a été découvert sur les côtes de Syrie. Ensuite, les Grecs s’approprièrent le système et le perfectionnèrent. Puis, les Romains en firent l’alphabet que nous connaissons aujourd’hui. Entre -159 et -120, à la suite d’un appel à l’aide des Grecs sur place, la première colonisation romaine de la Gaule reçoit le nom de provincia, c’est-à-dire «pour les vaincus».
Vers 400, Saint-Jérôme de Stridon traduit le texte hébreu de la Bible en latin, ce qu’on nomme la Vulgate. L’Église s’était opposée à toute traduction en langue vulgaire, par crainte d’hérésie. Le latin s’imposa donc rapidement comme langue officielle face au celte des Gaulois et s’était maintenu dans ce rôle malgré l’invasion germanique des Francs.
25 décembre 496 : Clovis, un Franc Salien dont le peuple occupait le territoire de l’actuelle Belgique, occupe le royaume gallo-romain depuis dix ans et se convertit au christianisme en se faisant baptiser à Reims. Pour la première fois dans l’histoire, un roi germanique choisit volontairement et librement la foi catholique. En conséquence, le Royaume des Francs est le premier État chrétien après la chute de l’Empire romain d’Occident.
Au VIIe siècle, apparaît le nom «Francia» pour désigner le pays d’où sont originaires les Francs. On peut y délimiter le langage d’oïl (sorte d’ancien français) dans la zone de colonisation franque, c’est-à-dire la France du Nord, et le langage d’oc (occitan), bien implanté au sud, car l’occupation wisigothe n’avait pas été suffisante pour germaniser le pays. C’est donc l’invasion franque qui a donné au gallo-romain cette forme particulière de prononciation qui a fini par aboutir au français. Ce bilinguisme a entraîné une forte évolution phonétique qui a fait du français une langue beaucoup plus éloignée de la prononciation latine que ne le sont l’occitan, l’italien ou l’espagnol.
813 : Les évêques réunis en concile à Tours prirent la décision de demander aux prêtres, non de célébrer les offices dans la langue maternelle du peuple, mais de faire les prêches et d’expliquer la parole de Dieu en langue «tudesque» (langage de Charlemagne, monté sur le trône en 768), soit dans la «lingua romana rustica» qui deviendrait un jour le français. En fait, le concile entérinait le fait que le peuple ait perdu la compétence du latin et qu’il fallait désormais s’adresser à lui dans sa langue. À la suite du concile, les clercs commencèrent à essayer de mettre par écrit leur langue maternelle, un langage qui sera utilisé trente ans plus tard pour la première fois dans un acte officiel.
842 : Le premier texte connu entièrement écrit en proto-français est la partie française des Serments de Strasbourg, qui jette les bases d’une partition de l’empire de Charlemagne. Ce premier document a une double importance car ces serments sont aussi fondateurs de la nation française.
843 : Le Royaume de France naît par le Traité de Verdun lorsque les trois fils de Charlemagne se divisèrent le territoire, par une alliance entre Charles le chauve et Louis, unis contre leur frère Lothaire.
911 : Le roi Charles doit abandonner une partie de son territoire à Rollon, le chef viking norvégien venu conquérir la France au nom du Danemark. Cette province deviendra la Normandie – finalement rattachée en 1204 au royaume de France, annexée sous la pression militaire du roi Philippe-Auguste – terre d’origine de la majorité de la nation québécoise actuelle, les Canadiens français.
1er juillet 987 : Exaspérés par la faiblesse des derniers héritiers de Charlemagne, les principaux seigneurs de Francie occidentale (la France actuelle) offrent la couronne royale au meilleur d’entre eux, le comte de Paris, Hugues Capet, un homme mûr de 47 ans. Celui-ci devient roi des Francs sous le nom d’Hugues 1er, premier roi de France à ne pas parler le germanique.
Sources :
Publié le 14 novembre 2011 par Collaboration
Par Jean-François Veilleux, chroniqueur
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- 3000 : Le premier alphabet, d’origine phénicienne, a été découvert sur les côtes de Syrie. Ensuite, les Grecs s’approprièrent le système et le perfectionnèrent. Puis, les Romains en firent l’alphabet que nous connaissons aujourd’hui. Entre -159 et -120, à la suite d’un appel à l’aide des Grecs sur place, la première colonisation romaine de la Gaule reçoit le nom de provincia, c’est-à-dire «pour les vaincus».
Vers 400, Saint-Jérôme de Stridon traduit le texte hébreu de la Bible en latin, ce qu’on nomme la Vulgate. L’Église s’était opposée à toute traduction en langue vulgaire, par crainte d’hérésie. Le latin s’imposa donc rapidement comme langue officielle face au celte des Gaulois et s’était maintenu dans ce rôle malgré l’invasion germanique des Francs.
25 décembre 496 : Clovis, un Franc Salien dont le peuple occupait le territoire de l’actuelle Belgique, occupe le royaume gallo-romain depuis dix ans et se convertit au christianisme en se faisant baptiser à Reims. Pour la première fois dans l’histoire, un roi germanique choisit volontairement et librement la foi catholique. En conséquence, le Royaume des Francs est le premier État chrétien après la chute de l’Empire romain d’Occident.
534 : Ayant battu les Wisigoths en 507 – année où apparaît pour la première fois la fleur de lys sur son drapeau, et qui symbolisera à jamais la royauté française – Clovis réunit le royaume des Burgondes à celui des Francs et reçoit le titre de consul romain qui lui fut remis par un ambassadeur venu de Byzance (Empire romain d’Orient) : cette assimilation explique en partie le fait que ce soit la langue du peuple dominé qui fut adoptée par l’envahisseur germanique, si bien qu’il finit par abandonner, après plusieurs siècles de bilinguisme (jusque vers 900), sa propre langue, le francique.
Au VIIe siècle, apparaît le nom «Francia» pour désigner le pays d’où sont originaires les Francs. On peut y délimiter le langage d’oïl (sorte d’ancien français) dans la zone de colonisation franque, c’est-à-dire la France du Nord, et le langage d’oc (occitan), bien implanté au sud, car l’occupation wisigothe n’avait pas été suffisante pour germaniser le pays. C’est donc l’invasion franque qui a donné au gallo-romain cette forme particulière de prononciation qui a fini par aboutir au français. Ce bilinguisme a entraîné une forte évolution phonétique qui a fait du français une langue beaucoup plus éloignée de la prononciation latine que ne le sont l’occitan, l’italien ou l’espagnol.
813 : Les évêques réunis en concile à Tours prirent la décision de demander aux prêtres, non de célébrer les offices dans la langue maternelle du peuple, mais de faire les prêches et d’expliquer la parole de Dieu en langue «tudesque» (langage de Charlemagne, monté sur le trône en 768), soit dans la «lingua romana rustica» qui deviendrait un jour le français. En fait, le concile entérinait le fait que le peuple ait perdu la compétence du latin et qu’il fallait désormais s’adresser à lui dans sa langue. À la suite du concile, les clercs commencèrent à essayer de mettre par écrit leur langue maternelle, un langage qui sera utilisé trente ans plus tard pour la première fois dans un acte officiel.
842 : Le premier texte connu entièrement écrit en proto-français est la partie française des Serments de Strasbourg, qui jette les bases d’une partition de l’empire de Charlemagne. Ce premier document a une double importance car ces serments sont aussi fondateurs de la nation française.
843 : Le Royaume de France naît par le Traité de Verdun lorsque les trois fils de Charlemagne se divisèrent le territoire, par une alliance entre Charles le chauve et Louis, unis contre leur frère Lothaire.
911 : Le roi Charles doit abandonner une partie de son territoire à Rollon, le chef viking norvégien venu conquérir la France au nom du Danemark. Cette province deviendra la Normandie – finalement rattachée en 1204 au royaume de France, annexée sous la pression militaire du roi Philippe-Auguste – terre d’origine de la majorité de la nation québécoise actuelle, les Canadiens français.
1er juillet 987 : Exaspérés par la faiblesse des derniers héritiers de Charlemagne, les principaux seigneurs de Francie occidentale (la France actuelle) offrent la couronne royale au meilleur d’entre eux, le comte de Paris, Hugues Capet, un homme mûr de 47 ans. Celui-ci devient roi des Francs sous le nom d’Hugues 1er, premier roi de France à ne pas parler le germanique.
Une langue qui n’évolue plus est une langue morte, vouloir figer une langue, c’est vouloir la tuer, aimer une langue, comme aimer une personne, c’est vouloir qu’elle vive. Cet article est presque entièrement composé d’après l’excellent livre Introduction à l’histoire de la langue française, de Michèle Perret, Armand Colin, 3e édition, Cursus, 2008, 203 pages.
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Publié le 14 novembre 2011 par Collaboration
Par Jean-François Veilleux, chroniqueur
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